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Nuevo Mundo

5 avril 2009

De la parole de Friedrich Nietzsche et de Joe Strummer

Pour commencer ce blog je vais user du partage des mots, ceux d'un philosophe et ceux d'un artiste.
Ceci est un extrait de "Ainsi parlait Zarathoustra" de Friedrich Nietzsche, un extrait dans lequel je me retrouve plus particulièrement dans les moments où je ne crois plus en l'existence de qualité dans l'Homme. C'est le premier texte que je souhaite partager ici car il est de ceux qui me touche le plus. J'oscille souvent entre les deux tendances celle du manque de confiance en l'Humain et celle d'un espoir en ces qualités. Alors pour contrebalancer le texte du philosophe, j'y joint (n'arrivant pas par dailymotion à intégrer la vidéo) un lien vers une vidéo de Joe Strummer, "Redemption Song" qui est une reprise du bien aimé Bob Marley. Pour la voir cliquez ici.

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La meilleure sagesse, c'est d'oublier et de passer : - c'est là ce que j'ai appris ! 

Celui qui voudrait tout comprendre chez les hommes devrait tout attaquer. Mais pour cela j'ai les mains trop propres. …

Tout parle chez eux et plus personne ne sait comprendre. Tout tombe à l'eau, rien ne tombe dans des puits profonds.

 

Chez eux tout parle, rien ne réussit et ne s'achève plus. Tout caquette, mais qui veut encore rester au nid à couver ses œufs ?

 

Chez eux tout parle, tout est délayé en mots. Et ce qui hier était encore trop dur, pour le temps lui-même et pour ses dents, pend aujourd'hui, usé et rongé, hors des bouches des hommes d'aujourd'hui.

   

Chez eux tout parle, tout est trahi. Et ce qui jadis se nommait mystère et intimité des âmes profondes appartient aujourd'hui aux trompettes des rues et à d'autres papillons volages. 

 

Contenant mes vérités, les mains folles et le cœur agité, riche en petits mensonges de la pitié : - c'est ainsi que j'ai toujours vécu parmi les hommes.

 

J'étais assis parmi eux, déguisé, prêt à me méconnaître pour les supporter, me disant volontiers : « Fou que tu es, tu ne connais pas les hommes ! »

On désapprend ce que l'on sait des hommes lorsqu'on vit parmi les hommes, - que peuvent faire là les yeux presbytes et perçants !

Et s'ils me méconnaissaient : dans ma folie, les ménageais plus que moi-même, et me vengeant souvent sur moi-même de ces ménagements.

Piqué de mouches venimeuses et creusé comme la pierre par les nombreuses gouttes de méchanceté, ainsi j'étais assis parmi eux et je me disais encore : « Tout ce qui est petit est innocent de sa petitesse ! »

C'est surtout ceux qui s'appelaient « les bons » qui m'ont paru les mouches les plus venimeuses : ils piquent en toute innocence ; ils mentent en toute innocence ; comment sauraient-ils être justes envers moi !

La pitié enseigne à mentir à quiconque vit parmi les bons. La pitié rend l'air lourd à toutes les âmes libres. Car la bêtise des bons est insondable.

Me cacher moi-même et ma richesse, c'est là ce que j'ai appris là-bas ; car je les ai trouvé tous pauvres d'esprit. Ce fut là le mensonge de ma pitié de les avoir tous pénétrés.

De voir et de sentir chez tous ce qui était pour eux assez d'esprit, ce qui était trop d'esprit pour eux.

Leurs sages rigides, je les ai appelés sages non rigides, c'est ainsi que j'ai appris à avaler les mots. Leurs fossoyeurs : je les ai appelés chercheurs et savants, j'ai appris à troquer les mots.

Les fossoyeurs prennent des maladies en creusant. Sous de vieux décombres dorment des exhalaisons malsaines. Il ne faut pas remuer le marais. Il faut vivre sur les montagnes.

C'est avec des narines heureuses que je respire de nouveau la liberté des montagnes ! Mon nez est enfin délivré de l'odeur de tous les êtres humains !

Chatouillée par des souffles vifs comme des vins mousseux, mon âme éternue, elle éternue et jubile : « Santé ! » Ainsi parlait Zarathoustra


(Friedrich Nietzsche)

                                 

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